
Un bruit d’hélicoptère me fait relever la tête vers le plafond. L’équipe en charge de la capture du dernier méchant aux pouvoirs magiques doit être de retour. J’hausse un sourcil fier et étonné. Ils ont été plutôt rapides sur ce coup là. D’habitude ils ne sont pas aussi efficace. Je le sais car je les connais bien. Ici, dans ce centre pour super-héros que j’ai moi-même fondé, je connais tout le monde. J’approche peut-être la cinquantaine, mais je ne me suis pas ramollie après toutes ces années à veiller sur le monde. L’émergence des humains possédant des pouvoirs a été chaotique au début. Faisant partie des plus puissants, j’ai réussi à les trouver, les unifier dans le même but, la paix, l’acceptation. Certains y trouvent la gloire en récompense, d’autres la reconnaissance. Nos jeunes quant à eux sont friands de notoriété. On a même une instagrameuse dans nos rangs.
Notre temps se divise en deux parties. D’une part nous formons des équipes qui partent arrêter les super méchants, d’autre part nous formons nos jeunes recrues. L’équipe qui vient de revenir est toute jeune et c’est pour cela que je suis agréablement étonnée de leur prouesse. A moins qu’ils n’aient échoué ? Que la cible se soit échappée ? Je vais vérifier cela de ce pas. Quittant mon bureau de directrice, je me rends dans les sous-sols ultra sécurisés. Ils sont fait pour contenir toutes sortes d’individus en fonction de leurs capacités surnaturelles. En chemin, je croise Orias.
«
Tiens, tiens. Tu vas voir si ta petite protégée s’en est bien tirée ? »
J’ai un sourire en coin des lèvres. Le temps passe, on ne se rend pas compte à quelle vitesse. Fut une époque où c’était moi son mentor. Et aujourd’hui, il est celui d’une autre. J’en serai presque nostalgique.
«
C’était sa première mission n’est ce pas ? Quel est son nom déjà… Alice ? »
Quant à moi, tout le monde m’appelle par mon nom de Super : Némésis. Mon vrai nom a été oublié, rarement employé, et cela me va très bien ainsi. Nous arrivons auprès de l’équipe qui encadrent un jeune aux allures de délinquants. Je les entends se vanter que c’était trop facile. Trop facile… Hum. Je n’aime pas ça. Il y a anguille sous roche. Je lance un regard à Orias qui en dit long. Entre nous, les mots ne sont parfois pas utiles. L’inquiétude et la suspicion se lit aisément sur mon visage. Lorsqu’ils me voient, ils se taisent et me saluent avec respect.
«
ça s’est bien passé pour vous on dirait. Il a décidé de nous rejoindre ? Quel est son pouvoir ? Tu devras tout de même être jugé pour tes actes jeune homme. »
J’ai toujours fait grande impression sur les autres. Ma puissance, mon âge, me mettent naturellement sur une sorte de piédestal. Et puis mes faits d’arme surtout, ont fait ma légende. Les deux Héros qui encadraient le prisonnier/nouveau venu commencent à se chamailler et j’ouvre des yeux ronds. C’est bien la première fois que l’on se permet un tel comportement devant moi en un moment où l’on ne devrait pas relâcher son attention. Alors que je me demande ce qu’il se passe et tente d’analyser la situation, Alice s’approche d’Orias et moi.
«
Mais arrêtez ! Vous vous croyez-où ? »
Je sens la colère monter. Ils ont carrément commencé à se frapper. D’ici peu, il en viendront même à user de leurs pouvoirs. Tout à coup, je me sens bizarre. Je suis envahie par l’envie irrésistible de me déchaîner, de laisser ma colère et les sentiments négatifs qui naissent en moi prendre le dessus et diriger mes actes. J’ai à peine le temps de réaliser que mon épée ornée de runes lumineuses est déjà entre mes mains. J’ai l’impression de ne plus être vraiment moi-même. Est ce cela que l’on appelle être hors de soi ? Cela ne me ressemble tellement pas. Je n’ai pourtant pas envie de lutter contre. Lorsque mon regard croise celui du soi-disant prisonnier, on air suffisant me fait penser que tout est de sa faute. C’est lui qui est à l’origine de ce qui est en train de se passer. Il nous poussent à nous retourner les uns contre les autres. J’en ai conscience, cependant les émotions qui me submergent sont trop fortes. Je ne parviens plus à réfléchir. Je me tourne vers Orias.
«
Elève indigne, tu crois que je n’ai plus rien à t’apprendre ? Tu as abandonné nos cours pour jouer les professeurs ? Qu’est ce qu’elle a de plus que moi cette petite dévergondée ? La jeunesse ? HA ! HA ! J’vais vous montrer moi. Ça mérite une petite correction... »
Petite, ou pas. Parce que je suis plutôt sérieuse dans mes menaces. Est ce que je pense vraiment ces choses que je viens de dire ? Quelle importance… Le sang va couler aujourd’hui…