The Search

Quel sentiment étrange que de revenir chez soi. Surtout après avoir vécu ce qu’il venait de vivre. La scène lui paraissait irréelle, d’apercevoir à nouveau le Ziggurat s’élevant au-delà des dunes. La cité rupestre avait l’avantage d’être très à l’écart de… de quoi exactement ? Du centre du désert ? L’on pouvait plus ou moins le définir comme ça. Plus l’on s’en éloignait, et plus le sable devenait roches. Et de même, moins la vie semblait présente. Les Arrancar de la Lune recherchaient cette tranquillité !

Était-il devenu une exception ? Ou bien la vie elle-même était-elle venue le rechercher ? D’une manière un peu ironique il se souvint que le jour où il quitta sa cité pour la dernière fois, Borick était venu s’interroger sur les lieux. Leur première rencontre, alors que ce dernier était encore Primera. Aucun d’entre eux ne devait se douter alors qu’ils seraient amenés à se revoir et même s’affronter plusieurs fois. Le destin, si tant est qu’une telle notion puisse réellement être prise au sérieux, en avait voulu ainsi.

Il était parti explorer le désert à nouveau, des siècles et des siècles plus tard. Un vagabond anonyme, parcourant son monde en quête de réponses. Et le revoilà désormais, Segunda Espada, témoin de la venue au monde des Abyssaux, avec le sentiment d’avoir perdu tout ce qu’il avait pu gagner, pétri d’encore plus de questions désormais. En entrant dans la cité, il ôte son capuchon. Celui-ci servait à l’origine à cacher ses cornes de pierre. Cela n’a plus trop de sens désormais qu’il est l’un des dix, ayant confirmé sa position parmi les plus hautes. Et encore moins alors qu’il était à la maison !

- Quoi de nouveau en notre demeure, dis-moi ?

Hèle-t-il un Arrancar qu’il s’apprêtait à croiser, sur l’un des chemins naturels agençant leur cité.

Il y a des choses qui ne s’expliquent pas, des secrets si bien gardés avec le temps que rien ne semble être en mesure de les révéler. Pour des êtres aussi vieux que peuvent l’être les Arrancars, le temps a cessé d’être un souci, mais certains mystères ne veulent tout de même pas être dévoilés. Celui enveloppant cette cité au sein de laquelle le clan que j’ai rejoint à élu domicile, demeure, personne n’étant réellement en mesure de m’en apprendre davantage sur cette ville émergée des sables. Si l’on sait que le Ziggurat de la Lune est étroitement lié au processus du Ritual de Luna, qu’en est-il de tous ces autres bâtiments ? De cette civilisation ancienne qui les peuplaient autrefois ? Quelle époque ? Quel peuple ? Tant de questions et si peu de réponses, tout cela me fait amèrement penser à ma propre existence…
Jusqu’à présent assis sur l’extrémité d’une hauteur d’une bâtisse, contemplant d’un air mélancolique la lune éternelle, je pousse un soupire, de vieilles questions existentielles revenant à la charge. Je pensais m’en être débarrassé après avoir été sauvé par Isielle, mais il faut croire que sa magie ne peut pas guérir tous les maux… Je ne suis pas ingrat, loin de la, lui étant profondément reconnaissant d’avoir été débarrassé de cet instinct primaire qui enchaîne bon nombre de mes semblables. Délesté du poids d’une faim tiraillante et impossible à combler, ce n’est donc pas pour quelques états d’âme que je vais commencer à me plaindre. Si l’humeur n’est pas au beau fixe, peut-être qu’une balade au milieu de la Cité me fera du bien.

Quittant mon perchoir sans un bruit, je me réceptionne avec agilité sur le sol blanc sablonneux, m’immobilisant un moment. Simplement l’espace de quelques secondes, le temps de décider quelle direction emprunter.
La Cité est calme, comme à son habitude. Il est rare de trouver de l’agitation à l’extérieur, les membres du Troupeau ne possédant pas réellement de grosses personnalités extravagantes, de ce que j’ai pu découvrir jusqu’ici. C’est sans doute pour cela que je me sens si bien en ces lieux, si apaisé et en sécurité. A tel point qu’il n’est pas rare que je m’isole une longue période entre ces bâtisses, enfermé dans ce cocon de tranquillité et de sérénité qui me sied tant. En dehors de notre territoire, le Hueco Mundo est une zone dangereuse et sauvage, où les plus forts et les plus violents ne cherchent qu’à broyer les autres, sans distinction aucune. Je n’aime pas ce monde. De plus en plus souvent, je me surprends à désirer autre chose, à être tenté de partir en exploration bien loin de ces terres, d’offrir plus qu’une étendue désertique comme vue à mes yeux.

Qu’est-ce qui me retient réellement ? Mon allégeance envers la Grande Prêtresse ? Ma loyauté envers mes frères Arrancars de la Lune ? La peur de finir broyé par la brutalité des mondes ? Sans doute un savant mélange de toutes ces choses et d’autres encore. Je ne pense pas être prêt pour entamer un aussi long et dangereux périple, pas seul tout du moins. Mais qui voudrait m’accompagner ? Chacun ici a ses propres objectifs et idéaux qu’il poursuit sans se préoccuper des autres, peu d’entre eux doivent partager cette même envie, préfèrent demeurer au Monde Creux, notre monde.
— Quoi de nouveau en notre demeure, dis-moi ? La voix qui vient de s’élever semble s’adresser à moi, qui était trop perdu dans mes propres réflexions pour faire attention à ce qui pouvait bien se passer autour. Intrigué, j’arrête ma progression et lève mes pupilles violacée en direction de l’individu que je reconnais immédiatement. — Segunda Espada… Si je m’attendais à le voir ici, maintenant. Bien sûr que c’est logique de le retrouver auprès des siens, lui-même étant un membre d’El Rebaño, mais je ne pensais pas que le hasard m’amènerait à croiser son chemin d’une façon aussi hasardeuse. Je dois avouer que ça m’a quelque peu surpris. — Un honneur de vous rencontrer, Segunda. Je me nomme Nataniel. Il me paraît plus respectueux de commencer par me présenter avant de répondre à sa question, ce n’est pas n’importe qui en face. J’étais là, en spectateur, pour le dernier tournoi au sein duquel il a décroché ce rang si prestigieux à mon sens. Deuxième Lame au sein de l’Espada, de quoi directement le propulser au sommet de la hiérarchie de l’Acuerdo. Il n’y avait pas grand monde au-dessus de lui désormais, si ce n’est les chefs de clans et la Primera.

Il souhaitait être mis au courant des dernières nouvelles concernant le clan ? Malheureusement, à moins d’avoir moi-même raté quelque chose, il ne me semblait pas y avoir eu d'événement particulier récemment. — Eh bien, pas grand-chose je dois vous l’avouer. Je ne sais pas à combien de temps remonte votre dernier passage à la cité, mais celle-ci a été épargnée par les événements récents. Fort heureusement, si vous voulez mon avis. Je marque une pause, réfléchissant à ce que j’allais dire. Ou plutôt, comment le dire. — Je préfère que cette guerre contre les humains se tienne bien éloignée de notre belle cité, elle ne mérite pas d’en être l’une des victimes collatérales…

Raisonnement probablement bien égoïste, mais pas moins vrai. Des quatre clans de l’Acuerdo, El Rebaño en était le moins belliqueux, veillant toujours à se tenir à l’écart des conflits. Il serait injuste que le Ziggurat soit détruit à cause de ce conflit sans fin entre humains et Arrancars. — Pardonnez-moi Segunda, mais je ne peux m’empêcher de me questionner sur votre prédécesseur à ce rang… Avez-vous connu Matryona ? Elle occupait ce poste avant vous et j’ai eu l’occasion de la croiser lorsque nous avons été envoyés découvrir ce qui avait causé la déflagration au niveau de la Grande Cataracte. Encore une fois, j’interromps mon élocution, cette fois pour laisser le temps à mon cerveau de repousser les dernières images enregistrées de cette mission quelque peu particulière. — Elle a disparu depuis ce jour…

Ainsi, aucune menace n’était venue encore perturber la tranquillité de la cité rupestre. C’est un soulagement. Il y avait ici trop à perdre. Trop de choses qui avaient été apportés au monde, ou qu’il restait encore à déchiffrer, à découvrir. Les êtres pourraient être remplacés, mais pas la richesse des connaissances qu’Isielle était parvenue à comprendre en ces lieux. Aucune opposition entre les clans ou machination politique au sein de l’Acuerdo n’avait amené à une attaque contre le « troupeau », comme ils osaient les appeler. Les humains, bien loin dans leurs installations scientifiques, avaient sans doute trop à faire avec cette Grande Cataracte qu’ils avaient eux-mêmes provoqués. Cimériès n’avait jamais pu approcher ce phénomène, mais se faisait de plus en plus la conviction que ces hommes seraient chassés par leur propre incident, cet événement qu’ils avaient eux-mêmes provoqué.

Ce qui lui avait posé le plus de craintes, en vérité, c’était l’arrivée de ces Abyssaux. Qui souhaitaient profiter de leur liberté. Parcourir le monde. Et l’on ne sait quoi, car au final rien n’est su de leurs ambitions réelles, sinon que le souvenir dont il avait été témoin avait eu de quoi leur glacer le sang, à Borick, Aviela et lui. Alors il opine. S’il est rassuré, une ombre d’inquiétude lui tord toujours les tripes. Mais au moins pour l’heure serait-il sur place si un tel événement devait se produire. La discussion aurait pu en rester là. Il aurait pu le remercier, avant de le laisser. Mais une question suspecte provoque sa curiosité.

- Matryona a disparu, dis-tu ?

Avant de répondre plus avant, il s’interroge, se questionne. Tâche d’analyser la situation. D’adjoindre ce qu’il sait d’elle avec la situation de ce monde, et se permettre ainsi quelques conjectures. Matryona avait surtout parlé de son bar. Sa « bônne aubêrge » dans laquelle elle souhaitait de toute évidence beaucoup qu’il s’y rende. Mais elle avait aussi mentionné Los Abismos. Comme une ancienne résidence, un terrain de chasse. Et d’où provenaient ses Abyssaux, forcément ?

- Je l’ai en effet déjà rencontrée. Une créature stupéfiante. A-t-elle quitté l’endroit avec toi ? La zone entourant la Cataracte est revendiquée par les humains désormais. Si elle y est restée, ils ont éventuellement pu mettre la main sur elle. Non sans qu’elle leur donne du fil à retordre j’imagine, mais c’est une piste importante. Si elle a pu repartir avec toi, sains et saufs, alors il faut peut-être partir sur une autre piste. Elle m’a parlé d’endroit dans Los Abismos, s’en proclamant même Reine. Or, l’on sait dernièrement qu’un être redoutable s’en dit Roi désormais. J’espère pour elle qu’ils ne se sont pas rencontrés...

C’était inquiétant, mais cela ne pouvait être qu’une supposition sans plus d’information. Peut-être ce que Nataniel allait répondre changerait la donne, peaufinerait l’avis qu’il pouvait se faire de la situation. Ou cela ne pourrait rien confirmer non plus, et ils resteraient dans pareille situation, à ne pas savoir ce qu’il a pu advenir d’elle. Dans tous les cas, il faudrait sans doute qu’il parle à Isielle rapidement...

— Oui, Segunda. Et je ne sais pas ce qui est advenue d’elle depuis cette mission, peut-être que je m’inquiète pour rien et qu’elle s’est simplement retirée suite à ce qu’il s’est passé là-bas, mais le fait est que je n’ai plus entendu parler d’elle depuis et qu’elle n’était pas présente pour défendre son rang au dernier tournoi… Or, sans réellement la connaître pour autant, elle ne m’a pas semblé être le genre de personne à ne pas se présenter à un tel événement, surtout lorsqu’elle y a un rôle important à jouer. Il s’était sans doute passé quelque chose, son altercation avec Artemio, anciennement Primera à l’époque, ne doit pas y être étranger. Et s’il s’agit bien de ce que je pense, alors je crois que mon interlocuteur doit être mis au courant, et décider de comment traiter cette information. A mon niveau, je ne peux rien faire, ce n’est de toute façon pas mon rôle, mais la Segunda saura probablement mieux gérer cette histoire.
Ainsi, avant de répondre à ses questions, je prends une légère inspiration, fermant les yeux un court instant. Le temps de me remémorer les événements survenus dans le coin de la Grande Cataracte, de rassembler les morceaux du puzzle, comment cette mission qui se déroulait jusqu’alors tranquillement, a subitement pris une tournure délicate. — Non, Matryona n’a pas quitté les lieux avec moi. Pour tout vous dire, je ne sais même pas si elle a pu quitter les lieux tout court… Je ne veux accuser personne, mais le fait est que la situation était tendue lorsque j’ai été forcé de partir. Un ordre émis par la Primera en personne, un ordre incontestable.

— Nous étions missionnés pour de la prise d’informations concernant la déflagration qui avait secoué la zone, j’accompagnais Matryona ainsi que l’ancienne Primera, Artemio Vittoria. Matryona avait ces… chérubins ailés qui l’accompagnaient, je pense que vous voyez de quoi je parle, toujours est-il qu’à un moment donné, elle a demandé à l’un des siens de voler droit sur la Cataracte. Je marque une pause, esquissant une grimace, me remémorant le déchirement qui avait suivi la disparition de la petite chose volante… — Il n’est jamais revenu. Et Matryona est entré dans un état de transe suite à cela… les souvenirs suffisent à me mettre mal à l’aise, probablement que cette scène n'échappera jamais à ma mémoire désormais. — De la folie pure mélangée à de la rage, je crois qu’elle n’a pas supporté la perte de son enfant. Incontrôlable, Artemio m’a ordonné de quitter les lieux, se chargeant de la calmer. Depuis elle est introuvable…
Il suffisait d’écouter mon récit pour se faire un léger avis sur ce qui avait bien pu arriver par la suite. Mais pour avoir été témoin de la scène, l’ancienne Primera ne semblait pas vouloir impérativement régler cela en signant la fin définitive de Matryona, d’où mon questionnement actuel. Est-ce qu’il n’avait pas eu d’autre choix que d’en finir avec elle ? Ou bien est-ce qu’elle avait fini par prendre la fuite et tomber sur ce fameux Roi de Los Abimos comme le mentionnait Cimériès ? Mon esprit naturellement curieux a besoin de savoir, je veux comprendre comment tout cela s’est terminé. Il serait fort regrettable que cette scène soit actée comme la dernière de Matryona… — Qu’en pensez-vous, Segunda ?

Cimériès écoute alors les explications. Il était vrai en effet qu’elle n’était pas venue défendre sa place lors du précédent tournoi, cela il l’avait bien remarqué. Mais puisque lors du précédent, celui là même où elle s’était érigée à la seconde position de l’Espada, elle n’avait pas fait de secret qu’elle se moquait bien de ce titre, et trouvait futile même la tenue d’un tel tournoi – alors qu’elle était bien venue y participer d’elle-même sans qu’on lui mette Zanpakutō sous la gorge, mais bon cette créature n’avait pas brillé par son sens commun affuté lors de leur rencontre après tout. Aussi n’y avait-il là pas source de réelle inquiétude à son sens, rien de particulièrement étonnant jusque là.

Mais Nataniel ne partageait pas son avis, et sans doute était-il question de point de vue. Tout le monde ne percevait pas les choses de la même manière, et l’échantillon était trop faible pour en tirer une conclusion définitive. Cependant, de nouvelles informations étaient partagées. À cause de ses longues pérégrinations à l’écart de tout, l’Alastor manquait inévitablement certaines informations. Ou bien celle-là avait-elle été gardée secrète et dont il n’aurait eu vent, dans tous les cas ? Toujours était-il que la perte – définitive ? – d’un des angelots étranges de Matryona avait dû être une experience particulière.

- J’en pense qu’il est impossible de tirer de conclusions, mais vos informations sont intéressantes néanmoins. Sans doute serait-il pertinent de retrouver Artemio pour lui poser ces questions. S’il est la dernière personne à l’avoir vu avant sa disparition, peut-être pourrait-il livrer d’autres clés de compréhension sur cette disparition.

Elle n’était pas la seule absente du dernier tournoi, après tout. Asteria ou Adamas pour ne citer qu’eux. Mais la différence résidait dans cet événement clé.

- C’était avant que les nôtres attaquent la base humaine, j’imagine. Il sera beaucoup plus difficile d’enquêter sur ce phénomène à présent...

Une partie de lui s’en voulait un peu, de ne s’être jamais intéressé à cela auparavant. La Cataracte avait peut-être des réponses à offrir, et non pas juste d’autres questions qui ne pourraient être élucidées. Ce n’était juste pas du tout dans son champ de recherche, mais de se dire que celui-ci était fermé à présent lui causait forcément un pincement au coeur.

- Si vous en avez l’occasion un jour, questionnez donc Artemio. S’il n’en sait pas plus, alors peut-être a-t-elle simplement trouvé la mort que nombreux partent chercher dans les plus profondes abysses...

Sinistre en un sens. Mais Nataniel lui avait demandé son avis, aussi le donnait-il sans détour.

Recueillir l’avis de la Segunda ne pouvait pas être une mauvaise chose, il le savait et forcément, ne regrettait donc pas de lui avoir confié ses inquiétudes. D’autant plus lorsque cet avis était exprimé de manière aussi sincère, sans s’embarrasser d’une quelconque délicatesse qu’il était inutile de prendre entre eux. Nataniel n’était pas du genre à s’attacher d’une quelconque façon envers les siens, ni même envers qui que ce soit en réalité. L’être envers lequel il se sentait le plus impliqué en ce monde n’étant autre que la Grande Prêtresse, pour des raisons évidentes. Du reste, cela n’avait pas sa place ici, au Monde Creux. S’il n’était plus un vulgaire animal guidé par ses pulsions, il s’était également débarrassé au passage de sentiments inutiles, à tel point qu’il ne semblait plus ressentir grand-chose.
Alors pourquoi cette curiosité entêtante concernant le sort de Matryona ? Lui-même ne pouvait y trouver de réponse à l’heure actuelle, pas une qui soit satisfaisante en tout cas. Était-ce le fait d’avoir été acteur de cette scène et de cette mission ayant conduit à sa disparition ? Était-ce le fait d’avoir assisté à ce déchirement puis cet état de folie dans lequel elle s’était réfugiée à la perte de son chérubin ailé ? Impossible de le dire. Simple curiosité mal placée ? La perte de ce qui était à l’époque l’une des plus puissantes lames de l’Espada n’était pas un fait anodin d’après lui, le genre d'affaires dont devrait d’ailleurs s’enquérir cette unité avec un peu plus de sérieux. Après, elle était censée agir comme une sorte de police interne envers les clans.

— Malheureusement je le crains oui, depuis que les humains se sont appropriés la pleine possession de cette partie du territoire, il est devenu suicidaire pour un Arrancar d’y pointer le bout de son museau. Et pourtant, je ne pense pas que les laisser expérimenter autour de cette Grande Cataracte soit de bonne augure pour notre futur... Cette Ultima Necat se montrait de plus en plus envahissante, entreprenante concernant ses affaires ici. Qui pouvait-on blâmer pour cela ? Le Consilio avait permis à ces humains de venir installer leurs machines dans le désert, d’en tirer profit d’une manière dont seuls eux savaient comment, en subir les conséquences devaient bien finir par arriver un jour ou l’autre. Personnellement, Nataniel ne croyait pas en une paix entre ces deux mondes, le conflit les opposant remontant à si longtemps que personne ne pouvait en donner une date exacte. Un conflit qui n’aurait jamais de fin, les hollows continuant de s’alimenter au détriment des humains, qui en retour prendraient les armes pour les chasser de leur monde, pour se protéger. Tant que les hollows resteraient des hollows, la chasse continuerait et le conflit n’aurait de cesse d’être alimenté.
Cet accord établit entre l’Acuerdo et l’Ultima Necat ne concernait qu’une partie de chacune des deux espèces, le reste continuaient de faire ce qu’ils avaient toujours fait, s’entretuer. Un accord qui de toute façon n’avait pas tenu bien longtemps, finalement.

— Vous avez raison en tout cas, le mieux à faire est encore d’aller questionner le principal concerné dans cette histoire. A l’occasion donc, j’irais en parler avec Artemio. Merci de prendre le temps d’apporter un peu de lumière dans le brouillard de mes réflexions, parfois il est compliqué de mettre seul de l’ordre dans ses pensées. Particulièrement quand on s’appelle Nataniel Fausto et qu’on a tendance à réfléchir à outrance. Quoiqu’il en soit, il n’était pas nécessaire d’importuner Cimériès avec sujet plus que de raison, il lui incombait désormais d’aller chercher ses réponses au bon endroit.
— Vous semblez revenir d’une longue absence, est-ce trop indiscret de vous demander qu’est-ce qui vous a tenu éloigné de notre chère cité aussi longuement ? Ici, il s’agissait clairement d’une simple curiosité, peut-être encore une fois mal placé. Mais depuis quelques temps, le Fracción sentait un certain changement s’opérer en lui. Si longtemps recroquevillé au fond de ce cocon protecteur que représentait la cité rupestre, il commençait à ressentir le besoin de voir autre chose, de s’impliquer davantage dans les affaires de ce monde, son monde. Profondément désabusé par les siens et leur nature, il s’était longtemps enfermé avec ses frères du Troupeau, ne daignant pas se mélanger aux autres. Chose qui, lentement, commençait à changer. Il avait manqué tant de choses dernièrement qu’il ressentait le besoin d’en apprendre toujours plus, à présent. Et la Segunda Espada ne devait pas manquer de récits intéressants à partager, si tant est qu’elle soit disposée à le faire.

Un jour, Cimériès se devrait bien de s’intéresser à ces humains qui avaient établis une enclave dans le désert blanc, sous la nuit éternelle. Ce monde n’était pas le leur, tout du contraire même. Ils étaient venus tenter de conquérir les terres de leurs prédateurs… Comment le rapport de puissance avait pu changer à ce point ? Astéria s’intéressait particulièrement aux humains… mais elle était morte ! Elle ne pouvait plus lui servir de pont, comblant ses connaissances déficientes sur les avancées remarquables qu’avaient dû faire ces humains pour parvenir à leur tenir tête ainsi. Et résister à plusieurs confrontations avec des Arrancar capables de s’ériger au sein de l’Espada. Ainsi, lui-même n’était pas à l’abri… Forcément, cela lui piquait l’orgueil.

- Qu’avons-nous de plus à apprendre d’une terre qui est la nôtre ?

Ainsi répondit-il sobrement à la question posée par Nataniel, avant de faire poursuivre ses pas vers celle-ci. S’il annonçait n’en avoir plus rien à apprendre, pourtant il y revenait. Sa réponse ainsi était sans doute inexacte, d’autant plus qu’il le savait, le Ziggurat disposait encore de secret non élucidés.

- Enfermés sur nous-même, que pourrions-nous nous targuer d’avoir vécu ? Nous ne vaudrions pas mieux que le surnom dont on nous a affublé… « le troupeau ».

Mais parmi eux pouvaient aussi sommeiller des loups. À deux reprises il avait été capable de tenir tête à une ancienne Primera, et occupait à présent la seconde place parmi les puissants Arrancar à participer aux tournois des Espada. Se comptait-il comme loup pour autant ?

- Vivez, ici ou ailleurs. Mais efforcez-vous de vivre pour vous et ce que vous croyez...

Cette réponse-ci était sans doute la plus proche de ce qu’il ressentait réellement. La véritable raison pour laquelle il avait souhaité longtemps s’absenter de la cité rupestre. Et encore, si cela n’avait été ce besoin de se ressourcer après ce qu’il avait vécu récemment, il aurait prolongé ses excursions, investigué de plus en plus profondément. Sa curiosité était sa raison de vivre, et elle ne pouvait plus aucunement être comblée à ne rester qu’en ces lieux. Voilà donc d’où il tirait ce sage conseil, alors qu’il s’éloignait sans se retourner.

Le RP commençant à dater, j’en profite pour conclure (et ça empêche pas d’en relancer un à l’occasion plus actuel, je fais juste le tri des vieux RPs pour faciliter la reprise XD).